Petit manuel de résistance aux introductions des IA dans une organisation

Publié le et mis à jour le par Richard Hanna

De plus en plus d'organisations (entreprises, associations et services publics) ont déjà introduit les Intelligences Artificielles (IA) dans leur fonctionnement. Ou s'apprêtent à le faire. Pour diverses raisons :

L'introduction des IA dans une organisation même réalisée de manière "raisonnée" ou "responsable" pose de nombreux problèmes. Il y a un effet cliquet : après l'introduction d'une nouvelle technologie, il est quasi-impossible de revenir en arrière. Au contraire, petit à petit, le terrain s'érode et les limites sont à chaque fois repoussées. Or, il est plus qu'urgent de résister le plus possible.

  1. Refuser les IA c'est éviter de détruire encore plus les conditions d'habitabilité de la Terre car l'empreinte environnementale et sociale directe c'est à dire le coût d'initialisation et de fonctionnement des IA est insoutenable.
  2. Résister aux IA c'est refuser leur insoutenable empreinte environnementale, sociale et sociétale indirecte c'est à dire l'accélération des processus, voire l'accélérationnisme technologique.
  3. Refuser les usages futiles ou réalisables autrement que par les IA. Mais pas de problème, nous Occidentaux avons ce privilège de nous accaparer les ressources et de réduire en esclavage les "petites mains" pour mettre en œuvre ces infrastructures et ces technologies.
  4. Résister aux IA, c'est refuser d'accentuer les biais qui existent dans nos sociétés. Ces biais, quoi qu'on en dise, sont difficilement corrigeables (car reflets de la société) à moins de tomber dans le ridicule (représenterait-on des jeunes blancs dans des banlieues / ghettos ?).
  5. Dire non à l'IA, c'est ne pas être complice du pillage des données privées voire de propriétés intellectuelles (cf. le pillage de l'œuvre des studios Ghibli)
  6. C'est refuser le coût réel des ces technologies supérieur aux prix actuels trop bas pour être vrai. Cela ne durera pas et il est difficile de croire que le couple optimisation et efficacité seront suffisants.
  7. C'est refuser un fort risque de dépendance à des algorithmes basés sur des technologies états-uniennes. Une dépendance à des entreprises complètement gangrenées par des idéologies de puissance, libertariennes et fascisantes. Utiliser des technologies dites "souveraines" ou open-source ne suffit pas compte tenu des autres points soulevés ici.
  8. C'est aussi éviter le risque de nuire à la réputation d'une organisation qui décide d'intégrer les IA malgré toute la littérature et l'actualité défavorables à l'IA. Un retour de bâton "no-IA" est en marche... On l'a vu avec les "startup packs" illustrés par les dessinateurs sans IA pour dénoncer la gabegie d'énergie et l'uniformisme des images générées.
  9. L'introduction des IA a complètement vidé le sens du travail notamment dans les services publics. Le travail est devenu morcelé, cloisonné, répétitif et déshumanisé. Il y a une perte de maitrise sur tout le "processus métier". Pire, le service rendu au public s'est dégradé. Sans compter la privatisation ou la sous-traitance du travail au secteur privé, entraînant des suppressions de postes (peut-être était-ce l'objectif principal ?). De plus, on assiste à une gestion algorithmique de la population et à de nouvelles formes de discrimination des plus précaires.
  10. Enfin, résister à ces technologies, c'est refuser d'enrichir et rendre encore plus puissants les dominants.

Pour aller plus loin